Saturday, April 16, 2011

Urbanisation

Over half of the world's population now lives in cities, sites of educational and economic opportunity, of escape from diminishing livelihoods in rural areas, and of violence, ingenuity, hope and despair. My graduate geography seminar on imperialism, globalisation and citizenship devoted  one week to untangling emerging themes in modern-day Latin American cities. The following critical essay reflects on our urbanisation texts.


En investiguant l'urbanité en Amérique latine, les textes d'Achugar (2009), de Peixoto (2009), et de Pedrazzini et Sanchez (1998) abordent plusieurs thèmes, notamment : la violence, les différences entre la ville et le métropole, la création et l'exploitation des espaces de résistance par des groupes exclus, la tension entre l'État et ceux qui subvertissent le capitalisme, et la nécessité de créer une nouvelle façon de conceptualiser l’espace-temps pour prendre compte de la nature dynamique et mutante des villes contemporaines d'Amérique latine. Cependant, cette analyse n’abordera que deux de ces thèmes.

Comme nous avons vu avec les textes sur les espaces gouvernables et non-gouvernables, les auteurs sont d'accord que la violence est un attribut caractéristique mais n’est pas l'attribut caractéristique des villes d'Amérique latine. Chacun des textes dévoile un différent côté de la violence, soulignant sa nature complexe et multidimensionnelle. La violence en Uruguay -  «  un Eden démocratique » -  est diverse,[1] planifiée et visée d'un côté à exécuter un agenda néolibéral et de l'autre à effacer la violence historique de l'État (Achugar 2009: 188). À Caracas la violence des malandros, des enfants de la rue et des membres de bandes est directe, sanglante et ne peut pas être ignorée (Achugar 2009). C'est une manifestation symbolique et réelle de la culture d'urgence : c'est un moyen de survivre, de s'inventer et de résister à la culture dominante.  Peixoto traite la violence à São Paulo d'une manière plus subtile ; il limite sa discussion à la violence structurelle imposée par le marché. Ces textes affirment qu'une analyse des espaces urbains en Amérique latine est incomplète sans une analyse profonde de la violence comme un outil stratégique employé par des groupes marginalisés ainsi que par l'État et ceux et celles en positions de pouvoir.

Malgré la gravité des sujets abordés, chacun des textes laissent entrevoir des rayons d’espoir pour l’avenir. Ceux et celles qui sont opprimés créent et exploitent des espaces de résistance à l'hégémonie du capitalisme. Peixoto propose que ce sont les nomades agiles qui sont les personnes les plus capables de profiter des espaces interstitiels dans la ville pour défaire lentement les éléments d'exclusion qui sont à la base de sa cohésion. Les malandros, les enfants de la rue et les membres de bandes prennent un rôle semblable aux nomades ; en exposant étourdiment l'échec de l'État d'honorer sa dette sociale envers les plus pauvres, ils écaillent les barrières qui relèguent leurs barrios à la périphérie (Pedrazzini et Sanchez 1998). Achugar affirme que la résistance peut aussi être soutenue par les immeubles : des espaces marqués par la violence historique et sociale, comme la prison-devenue-centre d'achats, préviennent l'oubli collectif du passé. Les auteurs soulignent que les expériences des gens marginalisés sont les expériences de la majorité en Amérique latine, donc la somme de la créativité et de l'adaptabilité de ces gens peut fournir une cartographie pour le succès des villes d'Amérique latine.

Les trois textes et l'espoir auquel ils font allusion provoquent certaines questions : 1) Est-ce que les villes et les métropoles d'Amérique latine offrent enfin une occasion de remplacer le paradigme de diffusionnisme européen avec un paradigme endémique? 2) Comment peuvent les expériences des nomades instruire une nouvelle cartographie de la métropole fluide basée sur des événements et non les objets? 3) Y a t'il une telle chose qu'une «violence d'espoir»?

Références
H. Achugar. (2009). On maps and malls. In R. Biron (ed).  City/Art: The Urban Scene in Latin America. Durham and London: Duke University Press.
Nancy B. Pleixoto. (2009). Latin American megacities: the new urban formlessness. In R. Biron (ed).  City/Art: The Urban Scene in Latin America. Durham and London: Duke University Press.
Yves Pedrazzini and M.R. Sanchez. (1998). Malandros: Bandes, gangs et enfants de la rue - la culture d'urgance dans la métropole latino-américaine. Paris: Editions Charles Léopold Mayer/Desclé de Brouwer.


[1] Achugar n'utilise pas moins d'une quinzaine de mots pour décrire la violence en Uruguay, incluant: "original symbolic violence" " inaugural violence" "geometric violence" "extreme violence of cannibalism " "constitutive violence" "historical violence" "enduring violence" "political violence" " economic violence" "social violence" "violence of regional and world reorganization" "normalized violence" "current violence" "criminal violence" "organized and legitimated violence" "violent imposition of collective forgetting".

The Chile-Quebec connection


The major political party leaders (except Gilles Duceppe) are trying to woo the "new Canadian" vote in the upcoming election. Indeed, immigration is an important issue for people in both sending communities (abroad) and receiving communities (in Canada). For example: how many foreigners should Canada admit? Should they come as asylum seekers and refugees or immigrants? Economic migrants, be it temporary foreign workers or more permanent skilled workers? Should Canada grant family visas, and who exactly is family: spouse? children? siblings? parents? cousins? grandparents? ... How long must they wait? What support should be afforded to new arrivals? 

José del Pozo
Image from Editions Boréal:
editionsboreal.qc.ca/catalogue/auteurs/jose-del-pozo-1634.html
The theme of immigration was broached in my graduate geography seminar on imperialism, globalisation and citizenship. Here are my reactions to the week's assigned reading Les Chiliens au Québec by José del Pozo, a Chilean-born professor at the Université de Québec à Montréal (UQAM). Dr. del Pozo joined our class as a guest speaker for the week, and provided additional insight into the issues facing Chilean migrants in Quebec. This piece was written mid-February 2011, just after the Harper government announced a reduction in family reunification visas.

        
Dans son livre Les Chiliens au Québec, José del Pozo souligne la diversité et l'évolution  de la politique migratoire du Canada (2009). Il décrit une migration transnationale des Chiliens (et des Chiliens-Canadiens) entre le Chili et le Canada qui est entremêlée avec la gouvernance transnationale. Il examine comment les structures présentes dans les deux pays, ainsi que celles dans plusieurs autres pays influent sur les « choix » des individus et des familles. Les manchettes de cette semaine annoncent que le gouvernement Harper va réduire de 5% le nombre de visas octroyés aux immigrants.[1] Cela démontre non seulement l'urgence d'une discussion honnête et ouverte sur ce sujet, mais aussi la pertinence des analyses scolaires telles que celles de del Pozo envers les politiques d'immigration actuelles. Cette analyse critique est concentrée sur cette intersection.
Image from Editions Boréal:
editionsboreal.qc.ca/catalogue/livres/les-chiliens-quebec-1669.html
Comme souligné par del Pozo, la politique migratoire du Canada et ses relations diplomatiques avec le Chili ont beaucoup influencé la nature des mouvements transnationaux entre ces deux pays. Les vagues de migration ont été poussées par la situation politique et économique au Chili ainsi que les changements  du système d'immigration et de réfugiés au Canada. Avant 1956, le nombre d'immigrants Chiliens qui sont venus vivre au Canada était très bas à cause d'une politique migratoire canadienne très restrictive et  de la préférence pour des immigrants provenant des États-Unis et de l'Europe occidentale. Après l'ouverture des portes au continent américain en 1956 le nombre d'immigrants a augmenté de façon importante. Les Chiliens venus au Canada avant 1973 et après 1990 sont des « véritables immigrants », tandis que ceux arrivés dans les années immédiatement après le coup d'État étaient plutôt des « immigrants politiques » ou des « immigrants forcés ». La vague de gens admis comme « réfugiés » qui a débuté durant la seconde moitié des années 1980 était motivée plus par des difficultés économiques que par la persécution politique. Puisque nous entrons dans une nouvelle période d`immigration restrictive (une cinquième étape?), des questions comme « est-ce que nous allons voir une nouvelle étape de migration chilienne vers le Canada et le Québec? » et « si oui, comment est-ce qu’elle va se distinguer des étapes antérieures? » sont très pertinentes.

Malgré le pouvoir et la rigidité des systèmes canadiens et québécois d`immigration et de l'asile,[2] il y existe encore des espaces d'agence pour des individus et des groupes. Le texte présente plusieurs cas où un ambassadeur particulier, des religieux(ses) québécois(es), la communauté chilienne au Québec et les lecteurs de la presse montréalaise ont réussi à protéger certains Chiliens et à faciliter leur entrée et leur intégration au Canada. Comment est-ce que ces espaces d'agence se transforment aujourd'hui dans l'âge de l'internet? Grâce aux technologies informatiques, il existe plus de moyens qu'auparavant pour échanger l'information et de créer des communautés d'activistes.  Del Pozo soulève le point que les immigrants et les réfugiés chiliens se servent déjà de l'internet pour s'informer sur le Canada et le Québec. Il distingue les immigrants de la quatrième étape comme étant les plus informés, grâce à, parmi d'autres facteurs, l’internet.  Alors, il faut poser la question « comment est-ce que les citoyens des deux pays vont exploiter ce monde virtuel pour s'assurer un flux migratoire d'immigrants et de réfugiés, malgré les restrictions imposées par le gouvernement actuel? »


Référence
José del Pozo. (2009). Les Chiliens au Québec. Immigrants et réfugiés, de 1955 à nos jours. Montréal: Boréal.



[1] Louise Elliot.(14 février 2011) «Immigrant visas to drop 5%: records» CBC News. Accédé le 14 février 2011 à cbc.ca/canada/story/2011/02/12/canada-immigration-rates.html. Les commentaires racistes et anti-immigrants m'inquiètent.
[2] L'application des règles n'est pas uniforme et illustre le racisme et les préjugés enfoncés dans les structures canadiennes (et peut-être ceux des gens qui travaillent dans ces structures). Del Pozo compare le temps d'attente pour acquérir un visa de résidence et le statut de réfugié. Les joueurs d'hockey provenant de l'Europe de l'est reçoivent un visa de résidence deux jours après leur entrée au Canada, tandis que de véritables immigrants et réfugiés du Chili doivent attendre plusieurs mois, voire des années.

Bolivian and Tanzanian perspectives on gender

Here is another short essay I wrote for a graduate geography seminar on imperialism, globalisation and citizenship. This one explores the gender question. The essay draws on two very different kinds of texts. Domitila Barrios de Chungara's Let Me Speak is a gripping narrative of key experiences in her life. The "plainspeak" writing compels you to plunge into her life in Bolivia as a miner's wife. Though she asserts that she is not a feminist, her actions, beliefs and activist strategies belie the claim.  The second text, Richa Nagar's Mapping feminisms and difference tackles gender issues from a much more academic perspective, in terms of writing style, analysis and situation of her case study in the broader literature. She investigates the practice of mut'a (temporary marriage permitted under Shia Islam) in Tanzania, arguing that it illustrates the intersection of race, class and gender inequalities. These inequalities have been produced and reproduced through colonial and neo-colonial globalising processes. Both texts elicit questions about safe spaces for fighting injustice.


De manière très différente, Domitila Barrios de Chungara (1978) et Richa Nagar (2004) soulignent l’impératif de la question du genre. Malgré la distance temporale et spatiale qui sépare les deux textes, les thèmes qu’ils abordent sont semblables. Ils examinent la construction et la déconstruction des rôles de la femme, le contrôle et le pouvoir, l’hétérogénéité des femmes (et des hommes), les espaces pour contester le discours dominant, la biologie ou « la nature » comme une justification pour créer et maintenir des inégalités, et la reproduction du néocolonialisme par les institutions religieuses, économiques et politiques à plusieurs échelles. Les textes exigent que le lecteur perçoive le message explicite ainsi qu’implicite de nos religions, gouvernements, industries et normes sociales.

Un thème omniprésent est celui du contrôle. En Bolivie, Barrios de Chungara (1978) affirme que le contrôle fait partie du quotidien. C’est autant quelque chose imposée par des acteurs externes pour maintenir des inégalités, que par l’individu lui-même pour survivre
à son oppression. Dans le premier cas l’auteure décrit, par exemple, des mesures prises par les compagnies minières pour assurer la pauvreté des travailleurs et de leurs familles et de massacres sanctionnés par l’état dans le but de réprimer une révolte communiste. Dans le deuxième cas, elle explique que les travailleurs des mines mâchaient du coca pour affaiblir leur faim, et lorsqu’elle était emprisonnée à La Paz elle a dû éteindre son désir de garantir la sécurité de ses propres enfants ou risquer condamner des personnes innocentes avec sa signature sur une page blanche. L’histoire racontée par Barrios de Chungara soulève les questions « comment est-ce que divers acteur ont utilisé le contrôle de soi-même et des autres pour atteindre leurs buts? » et « comment est-ce que les victimes d’un contrôle injuste peuvent s’échapper de ce contrôle? »

Comme en Bolivie, le contrôle exerce des impacts en Tanzanie. La pratique de « mut’a » (le mariage temporaire permis par l’Islam Shia) dévoile l’intersection de plusieurs facteurs historiques, religieux, politiques, ethniques et sociaux, qui produisent une exploitation sexuelle basée sur la race (Nagar 2004). Il expose un double standard : l’homme, par sa nature, ne peut pas résister ses envies sexuelles et donc, est permis de les satisfaire hors de son mariage permanent (nikah), tandis que la femme doit contrôler ses désirs. Ironiquement, la même pratique qui entrave la liberté (sexuelle) des femmes ithnasheriennes permet à des autres groupes de femmes marginalisées d’améliorer leur situation.

« Où se trouvent les espaces pour contester des injustices? » Selon Nagar (2004) pour la plupart des femmes ithnasheriennes de la classe moyenne ils se trouvent dans la sphère domestique. La construction de la supériorité culturelle et morale de ces femmes, ainsi qu’une reprise religieuse et son contrôle sur les femmes les empêchent de dénoncer le mut’a publiquement. Par contre, le tabou public ne se transfère pas dans la maison, où les femmes expriment sans fard leurs sentiments à ce sujet avec leurs maris. La situation en Bolivie est différente. Les protestations contre les inégalités devaient êtres publiques – sur la radio, dans les espaces publiques, près des mines, dans les publications – pour réussir à transmettre leurs messages (Barrios de Chungara 1978). Cependant, en manifestant dans les espaces publiques, les compañeros et compañeras risquaient la fureur du gouvernement, de l’armée et des dirigeants des compagnies minières. Le risque était réel. Dans sa vie, Domitila Barrios de Chungara a observé et a vécu elle-même des arrestations, des détentions, de la torture, des massacres « de sang » et des massacres « blancs »  (des licenciements massifs).  Alors, nous devons nous demander « comment créer et exploiter (pour des buts positifs) des espaces sécuritaires pour contester des injustices? »

Références
Domitilia Barrios de Chungara. (1978). Let Me Speak! Paris: F. Maspero.
Richa Nagar. (2004). Mapping feminisms and difference. In Staehi et al. (eds.). Mapping Women, Making Politics. London and New York: Routledge.